A l'évocation du texte de la chanson "Les vieux" de Jacques Brel, le thème "Le temps qui passe" a été proposé. Il nous renvoie à de nombreux poèmes, chansons et films inscrits dans nos mémoires.

Si vous aussi avez envie de vous exprimer sur ce thème, contactez-moi (mail, face-book-messenger ...).

Pour n'en citer que quelques-unes : "Avec le temps, Léo Ferré", "J'ai 10 ans, Alain Souchon", "Le temps ne fait rien à l'affaire, Georges Brassens", "Votre fille a vingt ans, Serge Reggiani, "Je n'aurai pas le temps, Michel Fugain" ....

Pour en écouter quelques-unes:

"Cendrillon, Téléphone" ICI

"La valse à mille temps, Jacques Brel" ICI

"Cécile ma fille, Claude Nougaro" ICI

"Mistral gagnant, Renaud" ICI

Pour en relire un:                                                                        

Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard, 1545

Pour en découvrir (peut-être) un :

Tic Tac

Lorsque le temps s’emballe,
Au fur et à mesure la journée passe,
Une valse étourdissante bat la mesure.
Trois points de suspension,
Deux points d’explication,
Pour explorer les minutes qui s’écoulent.
Les engrenages s’entraînent,
Une virgule instaure le rythme,
Une apostrophe ponctue l’algorithme,
Des mots, des phrases, des lignes qui courent,
L’horizontal cherche la verticale,
Une idée puis une autre,
Un point final pour terminer.

Laetitia Sioen, 2017

Pour en revoir un ou les trois et rire du temps qui passe:

Retour vers le futur, film de Robert Zemeckis, sorti en France en 1985.



 Un moment qui nous a tous marqués a inspiré Christine.

Le temps d’un confinement

En nous privant d’espace, on a gagné du temps
Pour moi un gain de place pour créer tout le temps
Passant du plein au vide j’ai pu me recentrer
sur mon désir avide d’écrire et d’explorer

Les sources si magiques de la création
Qui restaient pathétiques car trop d’hésitation
Ont lâché toutes les brides, jadis retenues
Et permis le lancement d’un bateau inconnu

Bienvenu confinement, tu me donnes la clé
D’oser me confronter à mes difficultés !
Je n’avais plus d’excuse, 2000 choses à faire
J’avais tous ce désir, la chance de l’extraire

Chaque jour dans le calme et la sérénité
Je m’isolais tranquille devant cet atelier
Un bureau installé pendant mes rangements
Á rester enfermée, du tri, des changements…

Face à ces pages blanches, mon stylo à la main
Avec tous ces dimanches à portée de la main
Je connu le bonheur de perdre la notion
Que s’écoulent les heures, trouvant l’inspiration

Fut-ce ces chants d’oiseau, la paisibilité
Ses jardins, ses forêts, leurs nouvelles beautés ?
Je ressentais si fort ces silences nouveaux
Que c’était sans effort que s’inscrivaient les mots !

À l’issue des semaines, au creux de ce plaisir
J’ai pris cette habitude tous les jours d ´écrire
De joyeuses cigognes firent la livraison
De recueils de poèmes qui naquirent à foison !



Sans comparaison aucune avec ceux cités ci-dessus, j'ai choisi le temps court.

Du temps pour soi.


Bien installée sur un fauteuil pliant, protégée par un parasol, je ne fais rien.  Un grand luxe pour une hyperactive.
Suivre les sets du match de volley près de moi, accompagné de cris de défaites ou de victoires, au gré des points marqués.
« Tiens, les deux petits devant ont entamé la construction d'un château de sable ! »
Je me demande, en observant ma voisine, comment il est possible de rester si longtemps en plein soleil sans bouger.
Je suis interrompue dans mes pensées par des signes d'affolement : « Où est Noé ? Où est ton frère ? Noé, Noé !
Nous nous redressons tous comme un seul homme, prêts à intervenir, à aider. Heureusement, le petit est rapidement retrouvé.  Il chassait des crabes au bord de l’eau.
J'entends, dans le brouhaha ambiant, des cris de joie : « Un set partout ! Allez, on se bat pour la victoire ! »
Je suis quelques échanges mais rapidement mon attention est détournée « Chouchous, glaces, café, boissons ! » « Et pourquoi pas une petite crème glacée ! Bon, le vendeur est encore loin ! »
En tournant la tête, j’aperçois ma voisine qui s'est retournée côté pilé. Elle est luisante de crème solaire. Bientôt cuite à point !
Le château de sable a bien avancé. Il atteint au moins 60 cm de haut. Le papa est venu en renfort pour la construction de jolis toits pointus sur les donjons. Je reste émerveillée par la patience qu'a cet homme pour embellir la construction, réaliser des voûtes, des portes sans écroulement.
Des « bravo » et des « hourra on est les plus forts ! » signalent la fin de la partie de beach volley. Un joyeux troupeau de jeunes court se jeter à l’eau à l’issue de ce match.
« Maintenant que j'ai dégusté ma glace, je pourrais peut-être tâter la température de l'eau. »
En réalité, elle est excellente, suffisamment de degrés pour ne pas être saisie en y pénétrant mais pas trop, histoire de ne pas avoir l’impression de pénétrer dans un bouillon de culture.
En repassant devant le château je ne peux m’empêcher de féliciter les enfants et leur père qui achèvent la décoration toute en coquillages de ce magnifique édifice.
De retour sur mon siège, en attendant d’être sèche, je constate que ma voisine n'est plus là.
Et voilà, il est déjà l'heure pour moi aussi, de réunir mes affaires et de rentrer.
Je n'ai pas vu le temps passer !